IV. Ralph Baer, la console personnelle

Les informations disponibles concernant R. Baer sont plus détaillées et prolifiques, mais émanent pour l’essentiel de Ralph Baer (5) lui-même. Celui-ci ayant fait un important travail de lobyying depuis les années 70 et possédant un site personnel consacré à ses inventions et sa vie apporte des informations très importante sur l’invention de la première console de salon. En 1973, il recevait le titre de « Père du jeu vidéo » lors de la Conférence Gametronics de San Francisco. Dans cette partie nous nous contentons de résumer les données présentes sur le site Emulation (Gros Pixels) elles mêmes issues d’une traduction de l’autobiographie de Ralph Baer.

Né en Allemagne en 1922, Ralph Baer part aux Etats-Unis, via la hollande en 1938. Il obtient son premier diplôme au National Radio Institute en tant que technicien de maintenance en radiophonie. Jusqu’en 1943, il tient plusieurs boutiques et répare des postes de télévision. Il fait son service militaire et se voit obligé de partir pour l’Europe alors que l’Amérique s’engage dans la deuxième Guerre Mondiale. Il est affecté au quartier général d’Eisenhower à Londres puis en France, et devient expert en petit armement militaire. Il rentre aux Etats Unis en 1946 et à l’ATIT (L’American Television Insititute of Technology) de Chicago où il est le premier le premier élève de cette université à obtenir un diplôme en télévision. En 1949, il entre chez Wappler Inc. en tant qu’ingénieur en chef. En 1951, il entre chez Loral Electronics, une entreprise du Bronx, qui fabrique des téléviseurs et des équipements électroniques. Les ingénieurs Sam Lakoff et Leo Beiser lui demandent de fabriquer un téléviseur d’usage simple « le meilleur téléviseur du monde ». Pour agrandir la taille de l’écran il couple un tube Philips avec un système d’agrandissement optique. C’est alors pour se différencier de la concurrence Ralph Baer a l’idée d’associer au téléviseur, un jeu. Lackoff trouve l’idée trop farfelue et la rejette. C’est ainsi, que Baer rate l’occasion de mettre au point le premier jeu vidéo de l’histoire dès 1951. Par la suite dans diverses sociétés, Baer va travailler sur des applications militaires telles que les radars embarqués pour les avions, les scanners utilisés pour intercepter les émissions radio soviétiques.

En 1966, il est ingénieur en chef chez Sanders Associates (une société militaire en consulting spécialisée dans l’électronique). Le premier septembre de cette année, il rédige les bases d’un projet de jeu sur téléviseur, en imaginant un boîtier de 25$ capable de s’adapter à n’importe quel téléviseur. L’idée de la console de jeu est née. R. Baer va alors commencer un parcours du combattant. Il soumet son projet à son supérieur Bob Salomon, puis à Herbert Campman, le Directeur de la Recherche et du Développement de la compagnie. Ralph a mis au point avec Bob Tremblay un petit jeu de poursuite, TV Games Home Equipement, grâce un premier budget de 2500$.

En 1965, les stratèges militaires commandent à Sanders Associates un projet de simulation de défense et d’attaque, sous la forme d’un dispositif facilement transportable utilisant un écran de télévision. Le nom de code de ce projet est TV Game. On raconte que la démonstration du jeu de Hockey fut faite au Pentagone.

Au début de l’année 1967, Ralph Baer et Bill Harrison, un collègue technicien, mettent au point un pistolet optique équipé d’une cellule photosensible destinée à être pointée sur un point mobile affiché à l’écran. Le pistolet est prêt le 11 février. Herbert Campman est séduit par cette invention qui préfigure toute une tradition à venir du tir au pistolet optique que l’on retrouvera dans les salles d’arcade, mais surtout dans les jeux de shoot. Le budget est alors augmenté. Les premières démonstrations auprès de la direction sont positives. Le système est perfectionné jusqu’à la fin de l’année 1967 grâce notamment à l’intervention de Bill Rush. En décembre, l’équipe de Baer met au point un jeu de tennis et reçoit 8000$ supplémentaires pour développer le prototype Brown Box. L’équipe de Baer s’aperçoit alors que Sanders, spécialisé dans les équipements électroniques à usage militaire, n’est pas prêt à commercialiser cette invention. Sanders s’interroge sur la finalité de cette mission. Baer a alors l’idée de proposer son jeu aux câble-opérateurs. Le jeu pourrait s’afficher en surimpression sur des images photographiques représentant des cours de tennis. Ralph entre en contact avec la Teleprompter corporation à New York, le plus important câble-opérateur du pays. Hubert Schlafly, son Président se rend dans le New Hampshire pour assister à la démonstration. Des négociations commencent mais n’aboutiront à rien, l’économie du câble se portant mal, étant trop lourde pour introduire de telles innovations. Le 15 janvier 1968, Ralph dépose son premier brevet sur le concept du jeu video.

La rachat de la licence par Magnavox

Ralph Baer pense alors que seul un constructeur de téléviseur peut être intéressé par ce projet. Des ingénieurs de General Electric viennent se renseigner. Puis RCA, Zenith, Sylvania, Warwick et Magnavox candidatent. Magnavox remporte le contrat. RCA se montre intéressé après ce premier tour de table, mais les négociations traînent et sont abandonnées au printemps 1969. Bill Enders qui avait suivi le projet quitte RCA pour rejoindre Magnavox et parvient à convaincre ses dirigeants d’assister à une démonstration dans l’Indiana. Jerry Martin, le Manager Général du département télévision est convaincu. Il décide d’acheter la licence de la « Brown Box » et de lancer la production.

Six mois plus tard Magnavox parvient à négocier un accord avec Sanders. Ralph Baer confie son prototype aux ingénieurs de Magnavox, dont la travail aboutira en octobre 1971 à la console Odyssey. En mars 1972, Magnavox réalise une démonstration de ses nouveaux produits, dont la console alors appelée Odyssee au Booling Green Restaurant, au milieu de Central Park à New York. Le lancement marketing de la console va souffrir d’une association systématique avec les téléviseurs Magnavox, le public étant persuadé que la console ne fonctionne que sur ces derniers.

Comme le raconte en effet Baer, Nolan Bushnell assista à l’une de ces présentations et l’un des jeux présenté ressemblait à Pong. Magnavox engage très vite des poursuites pour plagiat mais des arrangements finissent par être trouvés car le succès de Pong assure celui de la console. Magnavox tirera ses principales ressources des procès qu’elle engagera à de très nombreuses sociétés pendant une vingtaine d’années, dont Nintendo et Mattel, Activision, et bien sûr Atari.

(5) Ralph Bear est décédé le 6 décembre 2014 à Manchester aux Etats-Unis d’Amérique.